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Calcul du taux moyen d’occupation des postes informatiques
(Ce post concourt pour le prix du Titre de billet le moins sexy de la biblioblogosphère, catégorie « Je me suis endormi(e) avant de d’arriver au bout« )
Le problème est simple. La direction prise par le SCD en matière de catalogue implique un ouverture de notre système à des applications extérieures. Mon n+1 en a parlé : l’opac et le nuage 1, 2, 3, 4 , Le million, le million, Aleph et Google books sont dans un bateau.
Ces webservices permettent d’enrichir notre catalogue de nouvelles fonctionnalités mais souvent, ils proposent un rebond vers le site de l’application (par exemple, les couvertures Amazon). Ce qui n’est pas sans engendrer quelques difficultés lorsqu’on dispose, comme beaucoup de BU, de postes informatiques dédiés à la recherche sur le catalogue. Ces postes bridés représentent plus de 20% de nos postes informatiques fixes.
Mais, concrétement, sont-ils utilisés ? est-il encore pertinent de mobiliser des postes uniquement pour notre catalogue ?
Pour répondre, partiellement, à ces questions nous avons donc calculé le taux d’occupation des postes informatiques, indicateur de la norme ISO 11620 « Indicateurs de performance en bibliothèque » (B.2.3.2.)
La méthode
comme le préconise la norme, on a :
- recensé les postes concernés en éliminant les postes hors service
- déterminé une « période de référence » : deux semaines de forte affluence du 8 au 20 décembre (éventuellement consolidées par une autre semaine en mar-avril).
- établi un planning en tirant au sort 5 plages de relevé par jour (du lundi au samedi), une bidouille sur excel permet d’éviter les petits papiers et le chapeau
- donné les consignes aux collègues chargés du relevé
- recueilli les données et calculé le taux moyen par bibliothèque et par type de poste (dédié à l’OPAC ou « libre »)
Les résultats
Ma collègue NCl et moi avions parié sur les résultats. Nous estimions l’utilisation des postes OPAC à environ 40% et les postes internet à 70%. Pauvres fous que nous étions. Voici les résultats pour les 2 bibliothèques où les semaines-tests ont été réalisées :
BU Lettres, Sciences, SHS :
- Opac : 12 %
- Libre : 51 %
BU Droit, économie, gestion :
- Opac : 7 %
- Libre : 65 %
En clair, un usager de la BU de Droit a 7% de chance de tomber sur un poste Opac occupé.
Les taux d’occupation des postes libres ne sont pas réellement étonnants. 65 % semble être un chiffre assez élevé (à comparer avec d’autres établissements) mais ça s’explique par le faible nombre de postes libres dans cette BU (12 postes pour 339 places assises contre 68 pc « libres » pour 1031 places assises à la BU Lettres).
Difficile d’interpréter correctement ces chiffres en l’état. Il faudrait connaître, en plus, le taux d’équipement des étudiants en pc portable, l’activité des bureaux d’accueil, le nombre de requêtes intra muros sur l’OPAC durant la période de référence (l’illustration du début donne quelques indications), etc.
Néanmoins, la faible utilisation des postes Opac interroge. N’est-il pas possible d’envisager d’autres usages pour ces postes ?
Vous ne comprenez rien aux statistiques ?
Pour vous le Chi² est un art martial chinois et la simple évocation de l’écart-type vous plonge dans une profonde neurasthénie ?
Alors Suristat est fait pour vous. Pompeusement sous titré « Le portail des enquêtes et des analyses de données », ce site est avant tout un outil pédagogique pour démythifier les enquêtes et leur vocabulaire.
Le langage se veut le plus souvent compréhensible, les exemples sont concrets et non dénués d’humour, les animations en Flash sont claires. La partie Méthodologie reprend les 3 grands moments de toute enquête : la conception, le recueil des données et l’analyse.
Derrière ce site se trouve la société Sphinx. Les produits Sphinx sont (habilement je trouve) mis en avant sur le site. Alors, bien sûr, Suristat sert de support au site commercial, les articles datent un peu mais ils ne poussent pas vraiment à la consommation et pour ceux qui s’intéressent aux statistiques, ils valent le coup d’oeil.
Précision : malgré mes relances répétées auprès de Sphinx, ce billet n’a pas été rémunéré.
crédit photo : SARhound
Le Kindle en BU : une étude qualitative
Dans son dernier numéro (2008, volume 9, numéro 2), la revue Performance Measurement and Metrics (vous ai-je déjà dit tout le bien que je pensais de cette revue ?) a publié un article intitulé « A qualitative assessment of the Kindle e-book reader: results from initial focus groups » et rédigé par 4 bibliothécaires / enseignants de la Texas A&M University (là où le projet Libqual+ est né).
Petit rappel, le Kindle est la liseuse (ou livre électronique) du géant Amazon, sortie fin 2007. Une version spéciale Etudiant a été annoncée récemment.
L’étude visait à déterminer si le Kindle pouvait être perçu par les usagers comme une alternative crédible au livre papier (« an acceptable alternative to the printed book« ), si il pouvait trouver sa place dans une bibliothèque de recherche et si le reader n’était pas le moyen le plus rentable (« cost-effective way« ) pour diffuser l’information auprès des étudiants.
L’article revient, dans un premier temps, sur les problèmes dont on entend souvent parler à propos des liseuses : un marché encore jeune mais récemment bouleversé par l’arrivée de poids lourds (Amazon et Sony en tête), une offre de titres encore limitée, une navigation imparfaite, un design et une ergonomie à améliorer, un problème récurrent de formats (qui devrait se régler prochainement), la question des DRM, etc.
La méthode
Avant d’entamer une étude, la bibliothèque a tout de même acheté 1 exemplaire qu’elle a fait circuler dans la « library technology trends team« , puis l’équipe a effectué un appel à volontaire parmi le personnel pour participer à l’enquête. 40 machines accompagnées de $100 en bons d’achat Amazon ont été mises à disposition du personnel des bibliothèques et des enseignants participants.
Les volontaires devaient remplir un questionnaire faisant le point sur leur niveau de diplôme, leurs lectures, leurs connaissances et leur aisance face aux outils technologiques (« technology literacy and comfort » je suis preneur d’une meilleure traduction) et leurs attentes dans le Kindle. Les données recueillies ont permis de construire les questions des focus groups (entretiens collectifs).
Les six focus groups (menés par un membre de l’équipe, environ 1h, entre 5 et 6 participants) ont débuté 1 mois après la distribution des liseuses. Les questions ont porté sur les impressions générales vis-à-vis de l’outil, les usages, les fonctionnalités à développer ou ajouter, les pratiques de lecture, etc.
Les résultats
Les premières réactions furent assez diverses « from profound disappointment to absolute excitement« . Pêle-mêle, les participants ont critiqué le design très 80’s de la machine, sa pochette protectrice, le positionnement des boutons, la sensibilité de la molette, l’accès internet sans fil pour certains. D’autres ont réellement apprécié la prise en main de la liseuse. Pour ce qui est des usages, peu ont testé les audiobooks car peu savaient que cela était possible.
Autre point intéressant, le Kindle ne s’oublie pas, il ne disparaît pas au profit de l’immersion dans la lecture. Le clic sur les boutons, le temps de chargement des pages sont autant d’éléments qui distraient le lecteur (le type de contenu a aussi un rôle dans cela).
Pour répondre à la question de l’alternative crédible au livre papier (le p-book), c’est du 50-50. La moitié pense que qu’il ne pourra jamais être remplacé, l’autre moitié estime qu’en s’y habituant, la liseuse peut se fondre dans leur pratique de lecture.
Concernant les points à améliorer sur le Kindle, les participants ont mentionné : l’écran (tactile, couleurs, plus large, plus de contraste, disposant d’un rétro-éclairage), le système de prise de notes (import/export, indépendant du livre consulté), le design (pourquoi ne pas faire une liseuse aussi « sexy » qu’un iPod ou un iPhone ?), les surfaces vides (i.e sans bouton, où l’on peut poser ses mains).
Sur le prix de la machine, je retiens la phrase d’un participant : « [The Kindle is] a $400 solution to a $150 problem« . L’offre éditoriale est encore trop peu développée et manque surtout de diversité ; quant au tarif pratiqué, les participants le trouvent encore trop élevé pour une version électronique (voir le billet de Francis Pisani sur ce point).
Pour le positif, les testeurs ont mentionné le dictionnaire intégré, la possibilité de télécharger un chapitre et les listes de recommandations sur le site d’Amazon, son côté pratique pour les voyages, la rapidité du chargement. Malgré cela, aucun des participants n’a déclaré qu’il s’équiperait d’un e-reader une fois l’étude terminée.
L’enquête est toujours en cours, le recueil des données se poursuit. De nouveaux focus groups doivent interroger plus particulièrement l’évolution des usages de la liseuse.
Mes conclusions
Sous l’impulsion de Daniel Bourrion (responsable de la bibliothèque numérique), le SCD a entrepris de prêter des e-readers aux usagers. Pour plus de précisions sur ce projet, je vous renvoie à la présentation de Daniel dans le cadre de la 4e journée Couperin sur le livre électronique et sur sa série de billets Mon e-reader s’appelle Reviens (oui, cet homme a le sens du titre). Je suis chargé de l’évaluation de ce nouveau service (mis en place dans les prochaines semaines) ; voilà pourquoi je me suis intéressé à cet article.
Les résultats ne me surprennent pas. Ce sont toujours les mêmes griefs (l’offre éditoriale, les questions de format, le confort de lecture, etc.), rien de neuf sur ce point. Cela tient surtout au type de public enquêté. L’étude n’exprime que l’opinion de « professionnels de la profession », probablement nés dans le papier, habitués à le manipuler quotidiennement, des digital migrants pour la plupart.
Est-ce à ce public que les liseuses sont destinées ? Est-ce que les bibliothécaires sont des usagers comme les autres ? L’article ne l’indique pas. Et je ne le pense pas. C’est pourtant les impressions et les avis des digital natives (ou ce qui s’en rapproche le plus) qui me semblent pertinents. Ils constitueront sans doute la majeure partie de la population cible de notre enquête qualitative même si les enseignants-chercheurs ne seront pas oubliés.
Un des auteurs de l’article m’a tout de même précisé que l’équipe envisageait de prêter les readers aux étudiants et qu’une enquête serait menée le cas échéant. A suivre donc.
Comme le dit François Bon, « la lecture numérique n’est pas un concept acquis dans la limonade.«
Qu’est-ce qu’un « assessment librarian » ?
Si le concept d’assessment librarian vous échappe, je vous conseille de jeter un coup d’œil à Creating an assessment plan : four case studies (en anglais), présentation qui s’est déroulée à Seattle dans le cadre de la Library Assessment Conference 2008 (4-7 août 2008).
Les fiches de poste ou lettres de mission de quatre bibliothécaires en charge de l’évaluation (University of Texas Southwestern Medical Center, University of Chicago, Columbia University, Cornell University) illustrent leurs activités, leurs responsabilités mais aussi la place qu’elles occupent au sein de leur établissement.
Des exemples de plans d’évaluation sont également disponibles. Instructifs en ce qu’ils démontrent l’importance de l’évaluation des services dans ces bibliothèques (en terme de structuration, de ressources humaines et matérielles dédiées, etc.).
L’enquête Libqual joue souvent un rôle central dans l’articulation de ces plans. Tous les trois ans (généralement), elle photographie l’évolution de l’établissement au regard des grands orientations inscrites au « Strategic Plan », elles-mêmes déterminées par les précédentes enquêtes Libqual.
Le SCD d’Angers compte employer la même approche en faisant coïncider enquêtes Libqual et contrats quadriennaux. Ils nous reste pourtant du chemin à parcourir avant de disposer d’un plan d’évaluation des services de la qualité de ceux présentés ici.
PS : Bertrand Calenge a ouvert son blog. L’info a largement été relayée dans la biblioblogosphère mais autant faire circuler les bonnes nouvelles !
ClimateQuoi ?
Derrière ce nom bizarre se cache un projet monté par les bibliothèques de l’université du Maryland (UM), l’Industrial/Organizational Psychology Program (un laboratoire du département de psychologie de l’UM) et l’ARL.
La deuxième phase du projet a débuté en janvier 2008, 10 bibliothèques de recherche (Arizona State, Duke, Cornell, Emory, Kansas State, New York, etc) ont rejoint les 6 bibliothèques initiales (Université de Texas A&M, Kansas, Iowa, Connecticut, Arizona) pour utiliser ce questionnaire.
L’enquête existait déjà sous forme papier ; le partenariat avec l’ARL a, semble-t-il, permis d’en faire une enquête sur internet utilisable par d’autres bibliothèques.
Le questionnaire est proposé à l’ensemble du personnel d’un établissement pendant une durée de trois semaines, il y a des prix à gagner.
ClimateQUAL part du principe que l’organisation même d’un établissement influence la perception de l’usager sur la qualité des services proposés. La mixité professionnelle, l’équité et la volonté d’améliorer les services aux usagers seraient des éléments inter-connectés qui, lorsqu’ils sont savamment dosés, composent une « healthy organization », une organisation saine. En mesurant la perception du personnel sur la mixité, la justice et le travail en équipe dans leur établissement, l’enquête entend montrer les décalages entre discours et pratique et permettrait de le réduire en prenant, bien sûr, les mesures adéquates.
L’enquête est divisée en deux parties. La première est constituée de questions plaçant le répondant comme membre d’une minorité (religieuse, ethnique, générationnelle, etc.). La second partie porte plus sur l’équipe de travail dans laquelle le répondant est impliquée.
Les questions traitent du management, des supérieurs hiérarchiques, de l’équipe et des « relations interethniques » :
- My immediate supervisor is very committed to improving the quality of our division’s work and service.
- Employees’ complaints are dealt with effectively.
- The work I do is very important to me.
- The race of a team/division member does NOT affect how much attention is paid to their opinions.
Une échelle de 5 modalités allant de « Fortement en accord » à « Fortement en désaccord » constitue les réponses possibles.
Comme souvent sur les projets liés à l’ARL, le site web est très complet. On trouve une FAQ, le manuel de procédures à télécharger, le calendrier des passations, etc.
Intéressant mais est-ce transposable en France ?
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